
L’arrivée de l’intelligence artificielle dans le monde de l’écriture a ravivé une vieille angoisse : celle de perdre notre légitimité créative au profit d’un outil. Beaucoup s’interrogent : si je suis aidé par une IA, est-ce encore moi qui écris ?
Mais cette question, aussi moderne semble-t-elle, n’est pas neuve.
À chaque fois que l’art rencontre une technologie qui le déplace, les mêmes débats reviennent.
Et chaque fois, la réponse est la même : l’outil ne fait pas l’auteur. L’intention, si.
En 1995, quand je faisais mes études avec une bande de pionniers de ce qu’on appelait alors le multimédia, on parlait déjà d’hypertexte, de XML, de bases relationnelles et de poésie numérique. L’un de nos enseignants, Jean Pierre Balpe, nous ouvrait des perspectives vertigineuses : et si l’auteur devenait architecte de récits non-linéaires, compositeur de fragments, organisateur de flux ?
Il n’y avait pas encore d’intelligence artificielle générative, mais la question fondamentale était déjà là : qu’est-ce qu’un auteur dans un monde où l’on peut déléguer la forme ou le chemin du récit à un programme, à une machine, à un lecteur ?
Les outils changent, les interfaces évoluent. Mais la tension entre contrôle et lâcher-prise, entre intuition humaine et structure logicielle, elle, ne date pas d’hier.
Léonard de Vinci utilisait des systèmes de miroirs, des études d’optique, des machines d’ingénierie pour perfectionner ses perspectives. On l’a parfois accusé de tricher avec la nature, de s’éloigner du geste pur. Et pourtant, aujourd’hui encore, on admire la profondeur de ses tableaux, parce qu’ils sont justement le fruit d’un dialogue entre science et sensibilité.
Au XIXe siècle, les Impressionnistes — Monet, Renoir, Pissarro — ont été violemment critiqués. Pourquoi ? Parce qu’ils utilisaient une nouveauté technique : le tube de peinture, qui leur permettait de sortir de l’atelier pour peindre sur le vif.
« Ce ne sont pas de vrais peintres, ce sont des amateurs pressés ! » disait-on. Mais ils ont ouvert une ère nouvelle, celle où la lumière et l’instant deviennent matière.
Idem pour la photographie ou le cinéma. À ses débuts, on le voyait comme un simple gadget optique. Pas un art. Les écrivains disaient : filmer, ce n’est pas raconter. On connaît la suite : les cinéastes sont devenus les nouveaux conteurs.
Et la musique ? Lorsque les premiers synthétiseurs sont apparus, nombre de musiciens classiques ont crié au scandale. « Ce ne sont pas des instruments ! » disaient-ils. Et pourtant, des compositeurs comme Jean-Michel Jarre ou Laurie Anderson ont ouvert de nouveaux territoires sonores, en hybridant technologie et émotion. Plus tard, les logiciels de MAO (musique assistée par ordinateur) ont été à leur tour accusés d’appauvrir la composition — alors qu’ils ont permis à des générations entières de musiciens de s’exprimer sans orchestre, sans studio, sans réseau.
Chaque époque a donc ses révolutions… et ses réticences.
Et aujourd’hui, c’est l’intelligence artificielle qui joue ce rôle. Pour les auteurs, les créateurs et globalement, tout ce qui relève de l’activité de conception (design).
Je comprends. Cette fois, ce n’est pas un outil comme les autres. Ce n’est pas un simple prolongement de la main.
C’est un outil qui semble penser, écrire, produire. Un outil qui « fait » à notre place. Et cela dérange profondément.
Parce que cette fois, c’est le langage lui-même qui semble délégué.
Or le langage, c’est la pensée, la mémoire, le style, l’émotion. C’est ce que nous avons de plus humain.
Alors oui, cette inquiétude est légitime. Peur de perdre la singularité, la lenteur, l’effort. Peur de devenir spectateur de sa propre production. Mais si l’on est honnête, aucun auteur n’a jamais vraiment été seul. Écrire a toujours été un geste composite.
C’est se nourrir d’un mot entendu dans un café, rebondir sur une image ou la réplique d’un film vu la veille, un article sur un blog, une histoire de voisins ou d’un grand-père, suivre une intuition venue d’un bug ou d’une recherche hasardeuse. La sérendipité, rencontre de notre monde mental et des fils de notre vie.
Un mélange de souvenirs, de lectures, de discussions, d’outils, de hasards. L’IA, à bien des égards, prolonge ce chaos fertile qui nourrit toute écriture.
Elle ne remplace pas le silence intérieur. Elle ne connaît ni le doute, ni la nuance, ni le regard en coin. Elle ne sait pas ce que vous voulez dire. Elle le cherche avec vous.
Et c’est précisément pour cela que l’auteur reste essentiel.
L’IA générative est une fabrique à suggestions. Elle peut proposer des idées, reformuler un paragraphe, enrichir un texte, offrir des angles. Mais elle ne ressent rien. Elle ne décide de rien. Elle ne choisit pas à votre place.
C’est toujours vous qui tenez la plume invisible, en sélectionnant les phrases à garder, en ajustant le style à votre voix, en validant le sens final.
L’IA peut proposer mille pistes.
Mais c’est la voix humaine qui trace le chemin.
C’est dans ce choix que réside la signature.
On parle souvent de prompting comme d’une technique. Mais c’est bien plus que cela. C’est une posture créative. Un art du dialogue. Car savoir utiliser une IA, c’est :
poser une intention forte,
ajuster les réponses reçues,
savoir dire oui, non, recommencer.
💬 « L’IA est une main tendue, pas une mainmise. »
Et en cela, coécrire avec une IA n’a rien d’un aveu de faiblesse. C’est au contraire une forme de conscience : je sais où je vais, et je me donne les moyens d’y arriver.
C’est la question qui revient le plus souvent. Auteur et intelligence artificielle, un paradygme qui pose des questions éthiques et de droits d’auteur. Et vous devez vous la poser quand vous délivrez un manuscrit ou un contenu. A qui appartient le réssultat de la co-création ?
Elle vous appartient – si vous avez dirigé le sens, guidé la structure, signé le texte.
L’IA ne fait que proposer. Vous, vous disposez.
Elle ne vit rien. Ne ressent rien. Elle vous aide à mieux articuler ce que vous seul pouvez transmettre.
Oui, cette question est légitime.
Et là encore, ce débat n’est pas nouveau. Dès l’apparition de la PAO (publication assistée par ordinateur), les infographistes et auteurs se demandaient : qui détient l’œuvre finale ? Avec le multimédia, les jeux vidéo, les mashups, on a vu émerger une génération d’artistes qui “remixent” plus qu’ils ne créent ex nihilo.
Et la réponse du droit a évolué : on protège l’intention humaine, la transformation significative, la sélection assumée.
Un texte généré entièrement par une IA ? Non protégé.
Un texte relu, retravaillé, guidé par un humain ? Oui, vous êtes l’auteur.
C’est votre regard, votre tri, votre voix qui font toute la différence.
Dans un monde où tout peut être généré, ce qui devient précieux, c’est le regard humain.
C’est votre capacité à faire des choix, à poser un ton, à décider du sens.
L’IA est un outil. Puissant, oui. Mais sans âme.
C’est vous qui donnez forme, nuance, intention. C’est vous, l’auteur.
Utiliser une IA ne vous rend pas moins créatif.
Mais sans méthode, sans conscience, elle peut vous faire perdre votre singularité.
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Ressources externes :
Entretien avec Jane Ginsburg : La notion d’auteur à l’ère de l’intelligence artificielle
L’ecriture infinie de Jean-Pierre Balpe
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